mardi 27 mars 2012

"THÉÂTRE D'OMBRES" de Michèle Jullian aux éditions de la Frémillerie

"Théâtre d’ombres" de Michèle Jullian aux éditions de la Frémillerie


"Au lendemain du décès de son père, figure célèbre de la scène parisienne, Marie apprend qu’elle a un demi-frère en Thaïlande. Avec sa connaissance du thaï pour tout bagage, elle part à la recherche du bébé et de sa mère, une femme d’origine Karen. Quête en forme de roman d’aventures et de règlement de compte avec un père à l’écrasante personnalité, sur fond de crises politiques marquées par la révolte des « chemises jaunes » et des « chemises rouges » de Bangkok. Plongée dans le contexte Occident/Orient engendré par les rapports conquérants de la mondialisation d’aujourd’hui. Itinéraire d’une vie, celui de Marie, qui – comme sa mère Florence trente ans plus tôt – sera une « femme à la croisée des cultures ».

Théâtre d’ombres de Michèle Julian aux Éditions de la Frémillerie
Diffusion Distribution Lokomod


Entretien avec Michèle Jullian

Dans la baie d'Halong (elle est inédite). Prise pendant les manifestations des Chemises Rouges a Bangkok (actualité dont il est fait mention dans THEATRE D'OMBRES)

THÉÂTRE D’OMBRES: Où l'origine d'un roman


Pourquoi ce roman :

M.J.: Je faisais lire mes récits de voyages (Thaïlande, Chine, Inde etc.) à mon agente qui, un jour, m’a dit : « C'est toujours trop court. Je suis frustrée. Ecris un roman…. »
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1 - Le titre est venu immédiatement : « Mon fils ne tombe jamais amoureux d’une femme qui a un passeport dans la poche ». (Il a été changé par la suite, trop long). En Thaïlande presque toutes les histoires d’amour se passent entre « farangs » (occidentaux) et thaïlandaises. (99%). L’inverse est rare. Donc c’est ce qui m’a intéressé au prime abord. Etre à contre-courant.

2 – Je souhaitais évoquer ce problème dans mon livre : les amours et les relations interculturelles…et leurs difficultés.. Lorsque les hommes « farangs » se marient en Thaïlande, c’est, en grande majorité, avec des filles venant de milieu pauvre, Pour une occidentale, c’est très difficile, compliqué, voire impossible, d’avoir une relation sérieuse avec un homme thaï. Les thaïlandais sont élevés dans l’idée qu’ils sont « libres » et ne s’en privent pas. Quand ils ont de l’argent, ils ont « mia luang » (femme principale) et « mia noy » (litt. petites femmes - maitresses) et autres (mia kep, kik… etc.). Pour le plaisir. Pour la face. Riches ou pauvres, les hommes thaïs boivent beaucoup, sont infidèles, n’ont, souvent, aucun sens des responsabilités. Les amis et le plaisir passeront toujours avant la vie familiale. Les femmes thaïlandaises disent souvent qu’un mari à la maison c’est un enfant de plus.

Le challenge c’était donc de trouver une histoire à partir de cette idée. Tout s’est alors mis en place comme un puzzle :

- Le starter, l’axe principal autour duquel tout tourne et évolue, est une personne absente : PETER., un scénariste parisien ultra célèbre. La première scène du roman commence d’ailleurs par son enterrement.

- Puis ce sera un « road-movie » à travers la Thaïlande, celui de MARIE, ( fille de Peter et Florence), qui part à la recherche d’un bébé que son père aurait fait à une femme d’origine Karen au cours d’un de ses voyages d’affaires à Bangkok. Information qu’elle apprend au lendemain de sa mort.

Sur le plan de l’écriture : c’est un double journal : celui de MARIE aujourd’hui et celui de sa mère FLORENCE trente ans plus tôt. Les deux écritures se mêlent, les deux époques aussi. Ce ne sera pas le hasard bien sûr.

Deux femmes, deux héroïnes :

- FLORENCE, la mère, éternelle amoureuse, qui attrape des coups de cœur à répétitions le long des routes et se laisse guider par eux. Eblouie par les hommes de pouvoir, elle traîne un passé très lourd que sa fille découvrira au fil de la lecture de son carnet. A trouvé aujourd’hui, la sérénité dans le bouddhisme.

- MARIE ne voyage pas pour son plaisir ; son devoir est de retrouver son demi-frère. Elle est l’inverse de sa mère. Elle ne veut vivre les choses qu’une fois, se veut indépendante et maîtresse de son destin… Mais, on ne décide pas de son destin.

Si les souvenirs sont « douleurs », ils peuvent aussi être rédemption. MARIE, tout au long de sa quête thaïlandaise, va peu à peu exorciser les mauvais souvenirs qui se rattachent à un père qu’elle aurait voulu ordinaire. « Papa » et non célébrité. Lui, absent, elle va enfin le comprendre et apprendre à l’accepter tel qu’il était, faute de pouvoir l’aimer mieux. Grâce ou à cause de lui, elle va se découvrir un demi-frère, rencontrer un homme dont elle va s’éprendre (d’autant plus follement que cet amour est impossible) et… miracle du destin, relier cet homme - SOMCHAI - au passé de sa mère. Si le vrai n’est pas toujours vraisemblable, l’invraisemblable parfois dépasse la réalité.

C’est la liaison secrète de PETER avec LOTUS, la jeune femme d’origine Karen, qui va bouleverser le destin de MARIE, de FLORENCE et de SOMCHAI, qui porte, lui aussi, un secret qui hante ses nuits et dont Marie va le délivrer au prix de son amour pour lui. LOTUS, elle, grâce à cette intervention du destin, va sortir de l’engrenage des bars et de la prostitution, pour étudier, devenir infirmière et s’occuper de son fils. C’est ce qu’on appelle le destin. Destin, « Karma », ou « Dalang », du nom de ce personnage traditionnel, maître des marionnettes du « Wayang Kulit », ou du « théâtre d’ombres » javanais, malais ou siamois…
Celui qui aura vraiment manipulé le destin de tous les personnages de ce récit, c’est le grand absent – PETER - qui, après sa mort, a continué de jouer les scénaristes… ou les metteurs-en scènes.

Le récit romanesque se déroule sur fond politico-socio-culturel : révoltes des « jaunes » à Bangkok, situation des réfugiés Karen à la frontière birmane, valse de premiers ministres, découverte de la culture Karen et de la Thaïlande profonde …autant de prétextes pour mieux faire connaître ce pays - sorte de Baléares asiatiques - bien trop visité et finalement trop mal connu.

En ce qui concerne MON écriture, j’ai été tout de suite passionnée par l’idée de mêler « autobiographie, fiction et réalité ». J’ai toujours écrit. Soit mon journal lorsque, plus jeune je voyageais avec mes enfants, soit des « récits » réalistes de voyages, soit mon blog, soit pour la télévision ou la radio française lorsque j’y travaillais. Ancrer une histoire romanesque dans la dure réalité d’un pays. Voilà ce que j’ai tenté de faire avec THEATRE D’OMBRES, et continue de faire avec "LA OU S’ARRÊTENT LES FRONTIÈRES", (à paraître prochainement) et avec "LES ANNEES INVISIBLES" (en écriture)


Michele Jullian avec ses élèves originaires de Birmanie (réfugiés Karen) à Mae Sariang.



Liens recommandés:
le magnifique blog de Michèle Jullian
le site des éditions de la Frémillerie page consacrée à Michèle Jullian

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